TÉMOINDE L’HISTOIRE RÉGIONALE
LE PROGRÈSDIMANCHE
|
TOUJOURS PASSIONNÉD’INFORMATION
Les sentiments quem’inspire Le
Progrès-Dimanche peuvent en
réalité se résumer à deux: fierté
et appartenance.
Lorsque j’ai commencé à travail-
ler à la rédaction du Progrès-Di-
manche, le journal n’existait que
depuis trois ans. Déjà chouchou
de la région, on n’avait aucun
doute sur l’importance du pas
qu’on venait de faire. Un jour-
nal voix d’une région! Et j’allais
en faire partie, moi qui venais
d’interrompre des études d’infir-
mière où je ne me sentais pas
dansmonélément!
Un des premiers souvenirs de
cette entrée au Progrès-Di-
manche se nourrit du sentiment
de fierté ressentie: j’avais été
requise pour accompagner, en
tant que journaliste, des enfants
d’employés de la compagnie
Priceàl’ExpouniverselledeMon-
tréalen1967.Wow, lesouvenirest
encore vivace, le voyage en bus,
lesenfantshyper énervés, etmoi
avecencoreunboutd’orteildans
l’adolescence, ààpeine20ans, je
mesuis sentie investied’unemis-
sion, observer les jeunes, leurs
réactions, interroger leursguides
sur ledéroulementduvoyage.
Tout compte fait, avec le recul, je
suis encore tellement contente
de ce voyage que même si la
petite équipe de journalistes et
responsables logions dans une
petite auberge, dans ma tête à
moi c’auraitpuêtre leRitz!
Oui j’étaisfière,fièred’avoirétéde
ce voyage, fière des jeunes, fière
d’une région capable d’aller plus
loinqueses rêves,de les réaliser!
Et voilà j’avais plongé dans le
journalisme. J’avais encore bien
des croûtes àmanger, que jeme
disais, mais au moins ce serait
avecunsentimentdefierté!
Ce premier sentiment que j’ai
ressenti, et avec force, fut vite
enrichi d’un autre, celui-là aussi
collé à mes viscères, et ce fut le
sentimentd’appartenance.
Avec deux parents d’origine
jeannoise, installés au Sague-
nay au début de leur mariage et
où ils ont fondé leur famille, j’ai
toujours eu la conviction que
j’étais une partie constituante
de TOUTE la région Saguenay-
Lac-Saint-Jean, nuance que je
me hâtais d’apporter dans les
discussions sur l’appartenance.
Jeannois et Saguenéens étaient
un seul peuple, et dans ce pays
coulaient un lac immense et un
fjord impétueux. Point à la ligne.
Jemesouviensd’uncollègue– je
ne dis pas son nom, il n’est plus
de cemondemais il se serait re-
connu - qui se plaisait à essayer
de me faire enrager durant la
période où La Presse àMontréal
est venue grossir ses rangs en
journalistes de couverture et de
pupitre, dégarnissant l’équipe
régionale.
En fait, ce collègue pensait me
faire enrager, parce que je me
disais que c’était parce que la
région produisait du bon maté-
riau journalistique qu’on venait
piger dedans! Et que la région
ne serait pas en peine d’en pro-
duired’autres, deces journalistes
et pupitreurs dont plusieurs fai-
saient déjà et continueraient en-
corede faire lechoixde rester en
région. Une si belle région! Une
cour des grands aussi, mais en
pluspetit que lamétropole, c’est
tout. J’ai plusieurs fois dit àmon
collègue taquin qu’il perdait son
temps à essayer deme faire sor-
tir demes gonds. Et même, que
ça augmentait la réputation du
Saguenay-Lac-Saint-Jean d’avoir
des fils et des fillesdequalitéqui
apportaient de leur essence ré-
gionalehorsde leurs frontières.
Fierté, appartenance, quem’ins-
pire d’autre mon passage de
ces décennies au Progrès-Di-
manche? Eh bien, sans doute
la certitude d’avoir pu, à travers
une fenêtre régionale, m’ouvrir
sur le monde car le Saguenay-
Lac-Saint-Jeannem’ajamaisparu
unerégionfermée,confinéedans
ses frontières. Et lorsque j’ai été
présidente du Cercle de presse
du Saguenay, j’ai été à même
de constater que les demandes
étaient nombreuses et diversi-
fiées, venant de partout auQué-
bec, du Canada et d’ailleurs par-
fois aussi, justement parce que
lemédia était connu et reconnu,
ainsi que son petit frère LeQuo-
tidienqui avait agrandi la famille
et y ajoutait du panache, deux
journaux d’une même famille
couvrant mur à mur toute une
semained’informations.
Si j’avais à cibler un invité au
Cercle de presse dont j’ai été
particulièrement fière, ce fut le
passage du généticien Albert
Jacquard, tournée organisée en
collégialité avec l’UQAC. Dans sa
générosité, ce grand humaniste
et savant que j’admirais particu-
lièrement avait également inscrit
à sonhoraire des visites d’écoles
secondaires,
démontrant du
coup l’importancequ’il accordait
à cette région de lac et de fjord,
deboisetd’industrie,etauxgens
qui l’habitaient.
Dans ma tête de journaliste, je
savais bien que l’estime que les
autres peuvent éprouver pour
nous trouve souvent sa source
dans la propre estime de soi.
J’étais fière, d’une fierté légitime
et sans arrogance, et j’aimais
lorsqu’ellesepropageait.
Une invitée dont la pertinence
de la présence à notre tribune
ne m’a jamais paru claire fut
l’activiste militante irlandaise
Bernadette Devlin. Tout dire, j’ai
drôlement ramé à présider ce
Cercledepresse, et le journaliste
assignédoit aussi se souvenir du
texte pondu, assez aride merci.
Unsuccèsplusquemitigé, j’enris
encore.
Deux-trois souvenirs, des sen-
timents ravivés et voilà que je
peux clamer haut et fort: Vive
le Progrès-Dimanche, toujours
vivant! Àtasanté!
AndréeRainville
Fiertéetappartenance
AndréeRainvilleaétéjournaliste,chefdenouvellesetchroni-
queusepour LeProgrès-Dimanche et LeQuotidien. Invitée à
partager sesmeilleursmomentsencarrière, elletémoigne ici
del’importancequ’elleaccordeàcettepublication.
Andrée Rainville a toujours eu l’impression d’être partie
constituantedetout leSaguenay-Lac-Saint-Jean.
(Archives)
«
Fierté,appartenance,quem’inspire
d’autremonpassagedecesdécenniesau
Progrès-Dimanche?Ehbien, sansdoutela
certituded’avoirpu,àtraversunefenêtre
régionale,m’ouvrirsur lemondecar le
Saguenay-Lac-Saint-Jeannem’ajamaisparu
unerégionfermée, confinéedanssesfrontières.
C10- lePROGRÈS-dimanche,LE17AOÛT2014
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Source: lexpress.fr
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