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DANIELCÔTÉ
Sans être complètement
révolue, l’ère du chef
d’orchestre tout puissant,
un brin dictatorial, colle
demoins enmoins à la
réalité telle que vécue par
lesmusiciens. On peut
encore invoquer l’argument
d’autorité pour imposer ses
vues, mais comme le sou-
ligne le nouveau patron de
l’Orchestre symphonique du
Saguenay-Lac-Saint-Jean,
Jean-Michel Malouf, le lea-
dership épouse aujourd’hui
des formes différentes.
«Ce n’est pas une chose
qu’on aborde fréquemment
au cours de la formation en
direction d’orchestre. Moi,
c’est en observant d’autres
chefs, à traversmes propres
expériences aussi, que j’ai
développé la part de lea-
dership que je possédais na-
turellement», a-t-il expliqué
jeudi, au cours d’une entre-
vue téléphonique accordée
au
Progrès-Dimanche
.
Face à unmusicien avec
lequel il possède peu d’affi-
nités, par exemple, son ap-
proche consiste à vendre la
vision qu’il a d’une oeuvre,
tout en amenant son vis-
à-vis à se questionner sur
le travail à effectuer. De
manière subtile, ces inte-
ractions peuvent favoriser
un rapprochement. Parfois,
ça ira d’un côté. Parfois, de
l’autre.
«Se laisser convaincre par
lemusicien, c’est aussi une
preuve de leadership. Ce
n’est pas une faiblesse, mais
une richesse», plaide Jean-
Michel Malouf. Il explique
que ceux qui évoluent au
sein des différentes familles
d’instruments connaissent
davantage que lui les
nuances de l’interprétation.
C’est donc souhaitable qu’ils
s’expriment.
COURBEASCENDANTE
Dans certaines situations,
tout demême, il est normal
de semontrer plus affirma-
tif. Il en est ainsi des chefs
invités qui, d’ordinaire,
disposent d’un temps limité
pour communiquer avec
lesmembres de l’orchestre.
«Ça prend quelqu’un qui a
le derniermot et sans être
d’accord avec la décision,
lesmusiciens la com-
prennent», estime Jean-Mi-
chel Malouf.
Sa situation à lui est diffé-
rente, puisqu’il amorce une
relation à long terme avec
l’orchestre symphonique.
Chaque concert auquel il
participe - il y en a eu deux
jusqu’à présent - l’aide
à cerner la personnalité
du groupe et à en tirer le
meilleur parti. L’objectif
consiste à suivre une courbe
ascendante, à obtenir une
plus grande symbiose, d’un
rendez-vous à l’autre.
«C’est curieux parce que le
2 octobre, date demonpre-
mier concert officiel, j’étais
plus nerveux que pendant
mon audition, où il n’y avait
pas d’attentes. Il fallait que
ça se passe aussi bien et j’ai
été content de voir qu’auni-
veaudu travail d’ensemble,
ça avait étémieux. Des
gensm’ont dit qu’ils avaient
senti l’énergie que dégageait
l’orchestre etmoi aussi, j’ai
eu le sentiment que lesmusi-
ciens étaient enthousiastes»,
rapporte le chef.
Une autre occasion d’exer-
cer son leadership viendra
prochainement, alors qu’il
faudra plancher sur la
programmation 2017-2018.
Pour la première fois, Jean-
Michel Malouf sera associé
au processus dès le départ,
ce qui ne fut pas le cas la
dernière fois parce que sa
nomination n’a été officiali-
sée qu’au printemps.
«Un comité sera formé. Il
regroupera desmusiciens,
ainsi que des gens gravi-
tant autour de l’orchestre,
précise-t-il. Les premières
rencontres permettront à
chacun de lancer des idées,
sans égard au fait qu’elles
soient réalistes ou non. Moi-
même, je pense à ça depuis
plusieursmois et j’ai hâte
à la première réunion, où
tout lemonde dira ce qui lui
vient à l’esprit. C’est impor-
tant de savoir s’entourer, en
effet. Ça évite de tourner en
rond.»
En attendant, il apporte
sa touche personnelle à
la programmation 2016-
2017. C’est ainsi que le 5
février, le concert intitulé
Le
génie allemand
comprendra
une pièce ajoutée récem-
ment : les
Valses d’amour
de
Brahms. Elle justifiera le
retour duChoeur sympho-
nique au Théâtre Banque
Nationale de Chicoutimi où,
à l’origine, il devait chanter
seulement le 4 décembre.
C’est à force de côtoyer
lesmembres du choeur,
lors des répétitions tenues
chaque semaine, que cet
ajout lui a semblé opportun.
La formation a grossi ses ef-
fectifs, passant demoins de
20 personnes à 32, etmérite
de se produire plus souvent.
«Ces gens aiment chanter
et on sent une belle énergie.
Je suis très content de leur
progression», fait observer
Jean-Michel Malouf.
Jean-MichelMalouf, de l’orchestre symphonique
Laversionmoderneduchefd’orchestre
Le nouveauchef de l’Orchestre symphonique duSaguenay-Lac-Saint-Jean, Jean-MichelMalouf,
croit que lanotionde leadershipa évolué aufil du temps. L’ère duchef dictateur est révolue.
PhotoLe Progrès-Dimanche, Rocket Lavoie
«
Lespremièresrencontrespermettrontà
chacundelancerdesidées,sanségardaufait
qu’ellessoientréalistesounon. (...)C’est
importantdesavoirs’entourer,eneffet.Ça
évitedetournerenrond.
»
—Jean-MichelMalouf
C10- lePROGRÈS-dimanche,LE23OCTOBRE2016
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